Un site préhistorique qui devient une ville gallo-romaine !
Vers 3000 avant J.-C., les premiers habitants s'installent sur la colline d'Ambrussum. Lors des fouilles, on a retrouvé des objets ou structures leur appartenant. Les premiers occupants vivaient sous des tentes en toiles ou peaux sur armatures en bois. Racloirs, fragments de récipients... témoignent de leur présence.
A la fin du IVe siècle avant J.-C., le peuple gaulois des Volques Arécomiques crée une véritable ville fortifiée, l'oppidum. Elle était entourée de puissants remparts et des tours, que l'on peut encore voir en partie. Sa superficie était de 5,6 hectares. Aucun autre vestige de cette époque n'est visible sur le site. Les gaulois brulaient leurs morts : lors des fouilles au pied de la colline, on a retrouvé des tombes à incinération.
Vers 120 avant J.-C., le proconsul romain Cneius Domitius Ahénobarbus traverse le Rhône avec ses légions. C'est le début de la conquête de la Gaule. La voie Domitienne est construite pour y faire passer les convois militaires, les marchandises et les colons. C'est par elle que la Narbonnaise fut conquise. Elle contribua au développement de cette dernière. Ambrussum, comme les autres agglomérations gauloises situées sur son passage, devint un relais d'étape.
Ambrussum connait alors de profondes transformations. Après la guerre, la paix : les habitants se mettent à vivre comme dans tout l'Empire romain. On construit des maisons urbaines à cour intérieure (les domus) ; on pave la rue principale de la ville. Un édifice public, peut-être une basilique civile, est même mise au jour lors des fouilles. Une véritable vie sociale, économique et culturelle se structure. A la fin du Ier siècle après J.-C., l'habitat de hauteur est abandonné.
En 27 avant J.-C., Auguste devient Empereur. De grands travaux sont menés dans tout l'Empire romain. A Ambrussum, la ville s'agrandit : un nouveau quartier voit le jour à côté du Vidourle. Il était traversé par la via Domitia, qui contournait l'oppidum par le nord.
Marchands, voyageurs, magistrats et fonctionnaires de l'Empire... empruntent la voie Domitienne. Grâce aux fouilles, on sait que des bâtiments étaient destinés aux usagers de la route. Ils pouvaient se restaurer et passer la nuit dans les auberges, prendre un bain dans les thermes et faire réparer leur char.
L'hôtellerie était réservée à la poste impériale. On y a mis au jour un « trésor » : une bourse contenant des bijoux et 43 deniers en argent, probablement perdue par un antique voyageur. Les archéologues ont aussi trouvé de nombreux objets relatifs à la vie quotidienne gallo-romaine : fibules, bracelets, bagues, épingles à cheveux, hipposandale, pièces de monnaie... Parmi eux, des pièces remarquables rarement conservées : une sandale en cuir, un entonnoir et une coupelle en bois.
Dès le IIe siècle, la station routière commence à être abandonnée. De nombreuses autres agglomérations le sont aussi dans la région. Peu après 400, seul le relais de poste est encore en service. Ambrussum sera définitivement vidé de ses derniers occupants au début du Ve siècle.
Le souvenir de l'agglomération antique s'est perpétué grâce au pont Ambroix. Cet ouvrage d'art imposant permettait à la voie Domitienne de franchir le Vidourle. On pense qu'il comptait probablement 11 arches, sur une longueur de 175 m. Un pont qui nous contemple depuis plus de 2000 ans...
Au Moyen Âge, on passe encore sur le pont. Une église et un monastère sont installés à proximité, plaçant le voyageur sous protection divine. Mais en 1367, le passage des marchandises y est interdit. Quelques années plus tard, les habitants de Gallargues récupèrent des pierres. Le pont commence à être détruit. Les crues du fleuve, connues sous le nom de « Vidourlades », furent en partie responsables de sa démolition. Ainsi, en 1745 et 1833, deux arches s'effondrent sous la fureur des eaux.
Le pont est un ouvrage qui a fasciné archéologues, architectes, dessinateurs et peintres. Sa première représentation connue date de 1626 environ : on le voit avec 4 arches. Vers 1730, d'après un relevé des ruines demandé par le Marquis d'Aubais, il ne compte plus que 3 arches. Les représentations du pont sont nombreuses au XIXe siècle. La plus connue est le tableau de Gustave Courbet conservé au Musée Fabre, peint en 1857.
Vers 3000 - Néolithique final - la culture de Ferrières : 1ère occupation du site
Vers 300 avant J.-C. : création de l'oppidum
Vers 250 avant J.-C. : habitat et cimetière près du Vidourle
120 avant J.-C. : construction de la via Domitia et début de la conquête de la Gaule
Vers 30 avant J.-C. : création de la station routière et construction du pont
Vers 100 après J.-C. : abandon de l'oppidum et de l'enclos cultuel près du Vidourle
175-250 après J.-C. : abandon progressif de l'agglomération routière
Peu après 400 après J.-C. : Ambrussum est entièrement déserté
Vers 1620 : première représentation connue du pont (4 arches) par Anne de Rulman
18 novembre 1745 : une arche du pont s'effondre suite à une crue du Vidourle
1840 : le pont est classé Monument Historique
27 septembre 1933 : l'avant-dernière arche du pont s'effondre suite à une crue du Vidourle
1974 : le rempart est classé Monument Historique